mardi 27 décembre 2016

Quelques minutes après minuit


Si j'ai entamé ce roman, c'est avant tout suite aux recommandations de la représentante de Gallimard avec laquelle j'ai eu le plaisir de travailler. Merci A. A. d'avoir été la première à me conseiller cette merveille ♥.

Conor, treize ans, vit seul avec sa mère gravement malade. Ayant du mal à trouver le sommeil, il reste souvent éveillé très tard le soir. Jusqu'à ce que l'arbre du champ d'à côté, un immense if, prenne vie et vienne lui rendre visite, quelques minutes après minuit. Ce dernier tient absolument à lui raconter trois histoires, puis ce sera au tour de Conor de lui en raconter une. 
Pour quelles raisons ce monstre végétal a-t'il fait irruption dans la vie de Conor ?  



Ce roman est époustouflant de force.  Il traite le sujet de la maladie et l’appréhension de la perte d'un être cher avec une puissance rare. Pour affronter la maladie de sa mère, Conor se laisse bercer par des propos qui l'enferment dans l'illusion d'une possible guérison. Tout l'accompagnement de l'arbre est de lui faire prendre conscience de la réalité des choses.
Et c'est avec poésie que Patrick Ness va nous décrire ce long voyage. A travers des fables racontées par l'arbre, Conor arrive finalement à voir les choses en face. Jusqu'au bout, il affirmera ne pas comprendre le but de ces histoires philosophiques. Pourtant, elles font inexorablement leur petit bonhomme de chemin. Le récit de l'auteur est, dans la version que j'ai acquise, sublimé par les illustrations de Jim Kay. Toutes en Noir & Blanc, elles s'accordent parfaitement avec la période sombre traversée par Conor.  Hâte de découvrir la version colorée de l'adaptation cinématographique bientôt sur nos écrans.

Toute la grandeur de ce livre est de nous embarquer tous, quel que soit notre âge, petits comme grands, dans le quotidien d'un enfant de treize ans, qui lutte tant bien que mal pour survivre à une situation quelque part inacceptable. Des séquences émouvantes entre Conor et sa mère, de la colère ressentie par l'injustice de la situation, du réconfort avec cet arbre majestueux qui va guider ses pas. Ce roman vous retourne dans tous les sens. J'ai personnellement rarement lu une histoire aussi bouleversante, et vous invite vraiment à vous lancer dans ce voyage inoubliable !

Et si t'es toujours pas convaincu, viens donc jeter un coup d’œil à la bande annonce !


lundi 19 décembre 2016

Sauveur & Fils Saison 2

Les Hamsters sont de retour !! Merveille des merveilles que de pouvoir connaître la suite des aventures de ce psychologue complètement atypique.

Certaines choses ont bien évolué. Sauveur est en couple avec Louise Rocheteau, et ils envisagent d'emménager ensemble, étape qui va se révéler compliquée quand on a deux familles à réunifier. Notamment avec Alice, en pleine crise d'adolescence, qui se rebelle. Sauveur continue de suivre Ella Kuypens, qui s'affirme de plus en plus. Blandine Carré, hyperactive, que personne n'arrive à canaliser, a lancé sa chaîne sur les poupées Pullip. 
Samuel Cahen est un nouveau venu au cabinet. Il ne s'intéresse qu'aux filles - et se prend des tonnes de râteaux -, ne s'entend pas avec sa mère qui le retient à la maison. Gabin vient quant a lui s'installer dans le grenier. Sa mère, ayant des hallucinations, est de nouveau internée. Alex et Charlie, couple lesbien, veulent agrandir la famille. Enfin surtout Charlie.
Sauveur a du pain sur la planche dans cette nouvelle saison !

C'est extrêmement réjouissant de voir évoluer les personnages ! Ella, mal dans sa peau, s'affirme ici. Elle progresse énormément, même si son évolution est en dents de scie. Il va encore falloir affronter le regard des autres. Le monde du collège est clairement impitoyable. Marie-Aude Murail traite à nouveau des sujets graves, comme le harcèlement scolaire - notamment le cyber harcèlement. Elle questionne le lecteur sur les raisons, la plupart des élèves suivent en effet le leader sans vraiment réfléchir aux causes et conséquences. Elle est totalement en accord avec l'actualité et cette intention de questionnement est clairement louable. 

Le monde de Sauveur s'enrichit de personnalités complètement marginales. Jovo, SDF, ancien militaire, rejoint la tribu. J'adore faire connaissance avec des personnages hors normes, c'est ceux auxquels je m'attache le plus. Magnifique tableau final où Gabin, Lazare, Jovo, Paul, Louise et Sauveur, que tout semble opposer, se fendent la poire.

Les troubles liés à l'adolescence rejoignent bien souvent les troubles familiaux. Samuel est clairement à la recherche d'un père dont il a manqué. L'ex de Louise lui met des bâtons dans les roues pour la garde alternée des deux enfants. Charlie veut absolument un enfant alors que sa compagne n'en désire pas. Dans cette saga, on a une palette très large de situations familiales dans lesquelles on se projette forcément. Que ce soit du point de vue des adolescents qui avouent en souffrir dans le bureau de Sauveur, ou des adultes qui sont confrontés à des choix difficiles et mènent un combat pour rétablir un équilibre.

Ce livre est une immense fresque et ôde à la vie. A toutes ces petites difficultés du quotidien, cette quête d'identité et de soi. C'est à la fois touchant, drôle aussi, intrigant car on tente de comprendre le pourquoi du comment. Puis toujours ce parallèle avec les hamsters. Madame Gustavia met au monde une nouvelle portée, ce qui ne manque pas de créer des situations complètement farfelues !

dimanche 27 novembre 2016

Espionnage intime

Depuis le temps que les ouvrages de Susie Morgenstern me passaient entre les mains, je pourrai enfin dire autre chose que "je connais de nom"! C'est avec Espionnage intime, petit roman de 140 pages, que je découvre une pointure de la littérature jeunesse.

Angélique mène une vie de collégienne tout à fait ordinaire. Elle est bien dans ses baskets, et coule des jours paisibles à l'école et à la maison. C'est même elle qui fait la morale à sa mère qui fume beaucoup trop à son goût. Cette dernière lui offre un jour son premier journal intime. Angélique prend l'habitude d'y livrer quelques unes de ses journées, notamment son ressenti vis à vis d'un garçon de son âge, Arthur. Jusqu'au jour où, entre deux pages, elle découvre de la cendre... Puisque sa mère l'espionne, elle va alors tenter de lui donner une leçon. Sans en imaginer les conséquences...

Belle représentation ici de la relation mère-fille qui se complexifie au moment de l'adolescence. C'est un âge où l'on prend de la distance/ du recul par rapport à sa mère. Les secrets font partie du quotidien. On cherche par dessus tout à préserver son jardin secret. On sent l'inquiétude omniprésente de la mère d'Angélique. C'est ce qui va d'ailleurs la pousser à s'immiscer dans l'intimité de sa fille dans son dos. Finalement, on se rend compte que c'est un passage obligé lorsque la grand mère d'Angélique avoue qu'elle lisait déjà la journal intime de sa fille à l'époque.
Je trouve ça innovant d'avoir une adolescente pour qui tout se passe bien, qui coule des jours heureux, sans nuages à l'horizon - ça change du schéma de l'adolescence complètement chaotique. J'ai vraiment apprécié qu'on ne tombe pas dans le cliché de la crise et d'avoir un tout autre point de vue.

L'intrigue est également inattendue. J'ai personnellement bien aimé le revirement de situation. Je ne m'attendais en rien à ce qui se passe à la fin, et personnellement, j'adore les effets de surprise dans un roman. Surtout l'aspect "Qui veut donner une leçon en reçoit une à son tour". Cette aventure resserre clairement les liens entre la mère et la fille. Oh - Happy ending.

Le rapport à l'écrit est également au cœur du récit. On ressent l'écriture comme une évidence à travers l'écriture du journal intime et le fait qu'Angélique veuille devenir écrivain. Communiquer par écrit est une manière d'affronter les changements de l'adolescence.

Les personnages qui gravitent autour de nos deux protagonistes sont attachants. Pablo, le petit frère un brin intellecto, la Tante Mia, complètement barjo. En quelques mots, j'ai passé un bon moment en compagnie de cette famille, et j'ai clairement replongé en adolescence. 

jeudi 3 novembre 2016

Les Disparus du Clairdelune

La suite des aventures de la Passe-miroir, enfin entre mes mains. J'avais réellement adoré le premier tome, et j'attendais énormément de la suite de ce roman qui m'avait marqué ! 

La vie suit son cours à la Citacielle. Ophélie est promue vice-conteuse et tente de se faire une place dans cet empire mené d'une main de fer par Farouk, l'Esprit de famille maître. Alors que le mariage avec Thorn approche, cette dernière reçoit des lettres de menace. Qui souhaite empêcher leur union ? Mais surtout, pour quelles raisons ? Au même moment, des personnalités haut placées sont portées disparues...  

Vous l'aurez compris, il va y avoir de l'intrigue dans ce second tome ! Les questions fusent dans tous les sens. Surtout qu'il y a ici plusieurs énigmes qui vont s'avérer liées. Mais on n'a beau voir les fils petit à petit, la toile ne se dessine qu'à la toute fin. Je salue grandement l'auteure qui mène le tout magistralement. Tout ça est d'ailleurs bien loin de s'arrêter, puisque la fin ouvre sur quelque chose d'absolument énorme. C'en est presque cruel de nous laisser comme ça, pauvres lecteurs assoiffés que nous sommes. Je prends mon mal en patience.

Au-delà de l'intrigue, j'ai été bluffée par le charisme des personnages. Notamment le Chevalier, délicieusement terrifiant. Ce petit garçon qui ne paye pas de mine, chétif, aux pouvoirs immenses puisqu'il s'insinue dans l'esprit des gens pour l'envahir d'illusions. J'ai rarement rencontré personnage plus dangereux et imprévisible. Notamment parce que c'est un enfant capricieux et rongé par la jalousie, et qu'il n'a aucune maîtrise de lui-même. Farouk est aussi un être incroyable. Sa taille impressionne. Sa présence aussi, puisqu'il compense sa faiblesse - son manque de mémoire - par un côté très autoritaire. 

Nos protagonistes évoluent à leur rythme. J'avoue d'ailleurs que, parfois, je crie intérieurement sur eux. Pour que ça aille plus vite ! Au début de ce second tome, Ophélie reste fidèle à elle même. Ce milieu ultra hostile m'a clairement angoissé. Peut-être parce que je me sens proche d'Ophélie, mais j'ai parfois du mal à supporter ses coups au moral, l'humiliation qu'elle subit - tout le talent d'une plume qui décrit parfaitement les sentiments. Surtout que cette oppression est une constante dans la première partie. Une chute incessante. Aucune branche à laquelle se raccrocher. Puis finalement, le milieu du roman est un tournant. J'ai apprécié de sortir de cette spirale infernale d'événements décourageants. Je me suis plongée corps et âme dans l'enquête, pour me délecter des derniers chapitres - le nirvana.

Encore une fois, j'admire le talent et la précision avec laquelle Christelle Dabos dépeint ce monde. Je trépigne d'impatience de découvrir les mystères du Livre de Farouk et de ce Dieu, pas si bien intentionné que ça.   

Harry Potter et l'Enfant Maudit

23 Décembre 2000. C'est la date à laquelle j'ai terminé le quatrième volet de la saga Harry Potter. Je l'ai d'ailleurs fanatiquement gravée sur les premières pages intérieures - l'ado un peu cinglée. Je me rappelle encore du jour où je l'ai choisi parmi tant d'autres. Un coup de foudre. J'ai commencé la série par la Coupe de Feu, suivie des trois premiers tomes - pour bien faire les choses dans l'ordre. Mais ça faisait sens, ça l'a toujours fait d'ailleurs. Bien avant la sortie des films. A cette époque, j'avais quatorze ans, tout comme Harry. Ce sorcier a tenu une place grandissante, jusqu'à devenir un pilier dans ma vie de lectrice.

Octobre 2016. Je passe de l'autre côté. Je ne suis plus l'adolescente qui vient tranquillement choisir sa lecture de Noël, je suis la passeuse. Deux sentiments m'envahissent. L'excitation, car c'est quand même juste dingue de me dire que je serai aux premières loges d'un événement aussi marquant. L'appréhension. Bien que J.K. Rowling ait choisi d'apposer son nom, elle n'est pas véritablement à l'origine de la pièce. Il y a un réel mystère autour du rôle qu'elle a tenu dans ce nouvel opus. 

L'histoire reprend à l'endroit exact où se termine les Reliques de la Mort. Albus, le deuxième fils de Harry, se tient sur le quai 9 3/4, et attend le Poudlard Express, accompagné de sa famille. Dans le train, il se lie d'amitié avec Scorpius, qui n'est autre que le fils de Drago Malefoy.
Plusieurs années vont s'écouler, renforçant cette amitié. Alors que notre jeune Albus est en quatrième année, il va surprendre une conversation entre son père, et Amos Diggory, le père de Cédric. Ce dernier lui reproche de cacher la vérité à propos de l'existence d'un retourneur de temps. Celui-ci pourrait lui permettre de sauver son fils, tué par Voldemort lors du tournoi des trois sorciers. Bien décidé à prouver à son père qu'il est capable de grandes choses comme lui, Albus va embarquer Scorpius et la mystérieuse Delphi, cousine de Cédric, dans des aventures périlleuses. 
Réussiront-ils à sauver Cédric  ?  Le passé peut-il ainsi être changé en toute impunité ?

Mon impression en lisant les premières pages : le soulagement. Lorsque j'ai appris que ce serait une pièce de théâtre, j'avoue avoir été mitigée. Comment s'imprégner d'un monde fantastique sans les longues descriptions ? Comme l'histoire se déroule dans des endroits très familiers, les dialogues suffisent amplement à se faire les images. Heureuse également de retrouver tous ces personnages - un peu comme retrouver des vieux potes perdus de vue
Harry n'est plus le personnage principal. C'est Scorpius qui lui vole la vedette. La pièce casse cette spirale des Malefoy, famille de méchants(-mais-en-fait-pas-si-redoutables-que-ça), avec un Scorpius tendre, sensible, qui vit seul avec son père depuis la mort de sa mère. Ce personnage est vraiment attachant. C'est drôle parce que personnellement, je suis restée longtemps méfiante envers lui. A tout moment, j'envisageais un potentiel retournement de sa part, que son côté sombre ressurgisse enfin.

Ayant échappé à tous spoilers, j'étais très très enthousiaste en découvrant qu'il s'agit à nouveau d'une histoire... avec des retours dans le temps !! Malheureusement, j'avoue que ce schéma du "On tente de changer le passé, mais en fait c'est encore pire, donc autant revenir dans le présent et accepter son sort" commence à m'insupporter. L'Effet papillon, ou encore 22.11.63 de Stephen King récemment, et il doit y en avoir certainement bien d'autres, ont déjà traité (voire épuisé) le sujet. J'ai trop rencontré cette configuration et surtout cette morale de fin, pour l'apprécier ici.

Autre question de fond de la pièce, les facilités scénaristiques vont bon train. Comment deux gosses de quatrième année peuvent duper une Hermione, Ministre de la Magie, aussi aisément ? Six pages pour fabriquer une potion réputée difficile, entrer dans le bureau et trouver le retourneur. Mais WHAT ?? Vous me direz que Harry, Hermione et Ron l'ont déjà fait, que sans ça, il n'y aurait pas d'histoire. Mais quand on compare combien de temps leur prend la résolution des énigmes, je crois que six pages est imbattable. Le format est certainement mis en cause ici, car une pièce de théâtre ne peut s'étendre trop. La fin où Harry se métamorphose en Voldemort m'a également laissé perplexe. Autant dire que si c'était possible dans le monde des sorciers, on aurait certainement rencontré une métamorphose auparavant ? 

L'Amitié, comme dans toute la saga, reste un incontournable point fort central. C'est toujours le Coeur des romans Harry Potter, et j'aime retrouver cet esprit. Ici encore, le héros n'arrive à rien sans les autres. L'isolement et le repli mènent aux forces du Mal. L'histoire qui s'installe entre Albus et Scorpius est aussi forte que celle de Harry-Ron-Hermione. C'est une chose à laquelle j'accorde beaucoup d'importance et qui m'a une nouvelle fois touchée.

Je qualifierais ma lecture de schizophrénique. Mon Moi, heureuse comme jamais d'être bercée une nouvelle fois par la magie du monde des Sorciers. Mon autre Moi, plus critique, qui saute au plafond parfois, s'interroge. Pour autant, je ne regrette pas une seconde d'avoir ouvert ce livre, et d'avoir fait ce nouveau voyage. Mon Amour de la série l'emporte donc. 

lundi 26 septembre 2016

Foxcraft

C'est l'Automne. Les arbres commencent à prendre des nuances orangées. C'est peut-être pour ça que j'ai opté pour deux romans dont le héros est un renard - qui sait. Le premier dont je vais vous parler est Foxcraft, écrit par Inbali Iserles, qui vient tout juste de paraître aux éditions Albin Michel. Les possédés est le premier tome de ce qui s'annonce comme une nouvelle série dans la veine de la Guerre des Clans. 

Isla, jeune renarde, rentre chez elle après avoir passé la journée à vagabonder. Elle découvre alors que le terrier a pris feu et que tous les membres de sa famille ont disparu. Livrée à elle-même, elle va devoir fuir ce territoire, maintenant occupé par des renards à l'allure effrayante et aux yeux rouges. Elle va prendre des risques en s'approchant notamment du territoire des hommes, qu'elle nomme les Sans-fourrures. Mais elle fera tout pour retrouver ses proches. Alors qu'elle est attaquée par un chien, un renard du nom de Siffrin lui prête secours. Il sera son compagnon dans la grande aventure qu'elle s'apprête à vivre, et va notamment l'initier à la magie, la Foxcraft. Car lui aussi est à la recherche du frère d'Isla, Pirie. Pour quelle raison le recherche-t'on ?  Isla découvrira-t'elle la vérité ?

En lisant ce roman, j'ai retrouvé les mêmes sensations que lors de ma lecture du premier tome de la Guerre des Clans. Isla quitte le cocon familial et doit affronter un monde inconnu, hostile - tout comme Rusty. Son émancipation passe par tout un tas d'épreuves, plus ou moins difficiles. Sans spoiler, il va y avoir de terribles révélations. Elle y fait face dignement. Même si elle paraît très fragile au début du roman, on sent qu'elle devient de plus en plus débrouillarde. 

Les relations avec les autres sont complexes. Les renards-zombis qui ont envahi son territoire sont des ennemis. Les humains sont des ennemis. Les autres canidés - chiens, loups - sont des ennemis. Siffrin est-il un réel allié dans ce monde sans pitié ? Bref, du danger et des prédateurs pour notre petite renarde. C'est ce qui amène beaucoup d'action. Le rythme est relativement soutenu, et c'est assez plaisant. Puis elle va découvrir que les renards sont capables... de magie ! Des choses se mettent en place qui vont certainement monter en puissance dans les prochains tomes !

Un roman à partir de onze ans - pour le côté un peu sombre. Plutôt facile à lire et sympathique !


dimanche 18 septembre 2016

Sally Jones

Après un bel été à arpenter les côtes bretonnes et normandes, me voilà de retour en librairie avec du très bon. A vrai dire, c'est assez marrant puisque lorsque j'ai reçu ce roman dans les nouveautés, j'ai bloqué sur la couverture car je la trouvais... assez perturbante - pour ne pas dire affreuse quoi !
Puis en lisant un avis très positif dessus, et en me penchant un brin sur la quatrième de couverture, j'ai été vraiment intriguée par l'histoire. Je ne regrette pas une seule seconde d'avoir pris le temps de le lire, car ce roman suédois est une vraie merveille. On dira que ça me fait une bonne leçon. Il ne faut jamais se fier aux apparences !

Sally Jones est une gorille peu ordinaire. Elle est totalement intégrée à la société humaine, et coule des jours heureux comme mécanicienne sur le bateau de Chef. Ils forment une équipe du tonnerre. Un jour pourtant, on leur propose une mission qui tourne mal. S'ensuit une altercation sur le port avec un certain Morro. Alors que Morro pointe son arme vers Chef, celui-ci le fait tomber dans l'eau en se débattant. Morro ne remontera jamais à la surface. Chef est alors accusé de meurtre. Sally Jones est désemparée. Pourtant, elle va vite découvrir qu'en réalité... Morro est toujours vivant ! Il a changé d'identité et s'est réfugié en Inde. Sally Jones fera alors tout pour le retrouver et faire ainsi libérer Chef, son ami de toujours.

Ce roman, comme son protagoniste, n'a rien d'ordinaire ! Les personnages, même complètement exubérants, sont extrêmement attachants. Il n'y a pas de véritable "méchant" dans l'histoire, chacun a ses raisons d'agir comme il le fait. Sally Jones est incroyablement généreuse et sensible. C'est elle qui raconte son histoire. Personnellement c'est quelque chose qui a fait toute la différence - ça rend le récit très émouvant. Incapable de s'exprimer par le langage face aux humains, elle est intelligente et arrive toujours à faire passer le message. Puis nous, lecteurs, on est complices puisqu'on a accès à ses écrits. C'est cette complicité, le partage de tout ce qu'elle ressent au plus profond d'elle-même, qui m'a beaucoup plu. 

C'est aussi une immense critique du genre Humain. Les humains traitent bien souvent Sally Jones comme un simple animal dénué de toute intelligence. Elle est notamment vendu à un maharadja collectionneur d'animaux rares pour ses talents aux échecs. Critique également vive du rapport à l'argent. On tente de la marchander à plusieurs reprises, de la trahir toujours en échange d'un gros billet. Malgré tout, l'espoir est là. Le maharadja va clairement évoluer au contact de la gorille. D'un naturel égocentrique, vivant dans un environnement luxueux, il finit par prendre conscience de l'Autre. Ce roman m'a plu aussi pour cet aspect là. L'Homme peut avancer, changer pour devenir meilleur.

Un voyage délirant, Sally Jones t'embarque et t'emmène aux quatre coins du monde ! Le début du roman se déroule au Portugal aux côtés d'une chanteuse de fado - tu auras des chansons dans la tête pendant toute ta lecture tu verras ! Puis c'est dans un palais indien qu'une grand partie de l'histoire se déroule par la suite, et là c'est le dépaysement total. Navigant sur un bateau, ou virevoltant à bord d'un avion, Sally Jones vit des aventures phénoménales, et nous aussi ! 
Sans oublier l'enquête, le mystère, car comment réussira-t'elle à trouver un homme qui a changé d'identité ? 

Je crois avoir rarement été aussi émerveillée par un roman jeunesse. Sally Jones est entré dans mon top, et restera certainement indétrônable un bon moment. Je n'oublierai d'ailleurs jamais ses belles illustrations intérieures. Gros coup de ♥.


vendredi 15 juillet 2016

Le garçon au sommet de la montagne


Un jour de Fête devenu jour de Deuil. Malgré la tristesse qui m'accable aujourd'hui, j'avais envie de vous parler du dernier livre de John Boyne. Ce dernier se passe en grande partie durant la Guerre de 39-45, et traite principalement du Nazisme. Quelque part, il fait clairement écho à tout ce que nous vivons ces temps-ci, car il montre les dangers de l'endoctrinement. Il se veut devoir de mémoire, pourtant il est plus actuel que jamais. Ne pas oublier. Apprendre des erreurs du passé

Nous suivons le parcours de Pierrot, sept ans, qui vit à Paris avec ses parents. Son copain muet, Anshel, est juif. Et ça ne pose aucun problème. C'est même son meilleur ami. Pierrot perd d'abord son père, qui met fin à ses jours, rongé par les souvenirs de ce qu'il a vu sur le champ de bataille durant 14-18. Sa mère, elle, décède de la maladie. S'ensuit un long parcours, un passage à l'orphelinat où l'on retrouve trace de sa tante en Allemagne. Pierrot trouve alors refuge auprès d'elle. Celle-ci est employée au Berghof, qui n'est autre que la résidence secondaire d'Hitler
Alors que l'enfant semble hors de danger et sous la protection d'un membre de sa famille, il est en réalité exposé à l'un des plus grands dangers, la pensée nazie. Sous l'influence d'Hitler, Pierrot se métamorphose, jusqu'à s'engager dans les Jeunesses Hitlériennes. Réagira-t'il assez vite pour ne pas sombrer dans les profondeurs de ce courant destructeur ?

John Boyne nous fait vivre l'histoire (et l'Histoire) à-travers les yeux innocents d'un enfant. C'est quelque chose qui m'a personnellement bouleversé. Notamment lorsque Pierrot prend le train pour l'Allemagne. Une place est disponible dans le wagon du garçon, pourtant les autres passagers rejettent un homme qui vient d'arriver. Pierrot prend la défense de l'homme en montrant qu'une place est disponible. Évidemment qu'il ne voit aucun mal là-dedans. Tout comme lorsqu'on lui interdit de parler de son ami Anshel au Berghof. J'ai été vraiment sensible à cette incompréhension qui apparaît dans le regard de l'enfant. C'est forcément quelque chose de très touchant.

Le cœur du sujet n'est pas tant la Guerre en elle-même, mais plutôt les dommages collatéraux. Le père de Pierrot qui va jusqu'à s'ôter la vie plutôt que de continuer à affronter les horreurs qu'il a vécues. Et puis bien entendu, l'endoctrinement. Depuis la montagne dans laquelle il réside, Pierrot n'a qu'une vision erronée de ce qu'il se passe réellement sur place. Il n'y a que la reconnaissance d'Hitler qui l'intéresse. L'esprit d'un enfant sans repères est malléable, et Pierrot ne dissocie plus le bien du mal. Il va même jusqu'à commettre l'irréparable. En tant que lecteur, on est partagés concernant la responsabilité de Pierrot. On lui en veut de se faire avoir finalement, d'être tombé entre les griffes d'Hitler. Pourtant, ça a été le cas de nombreux soldats, et on ne peut oublier ça. Le manque d'information, la censure. John Boyne nous montre ici comment l'on peut facilement tomber dans le piège du Nazisme. A la fin du conflit, Pierrot fera tout pour se racheter - même si l'on devine que ce sera bien difficile. Il va notamment renouer contact avec Anshel, ce qui prouve qu'il est sur la voie de la rédemption.

Malgré la dureté des épreuves que Pierrot traverse, et la violence de ce qu'il va devenir, c'est un roman à lire absolument. Il dépeint une réalité à laquelle il faut se confronter, quitte à s'y heurter. Toutes les générations doivent pouvoir prendre conscience, et comprendre. 
Il faut juste quelques références historiques pour pouvoir apprécier certaines scènes, mais les cours d'histoire devraient les apporter sans problème !


" Un Peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. "

                                                                     Winston Churchill

vendredi 1 juillet 2016

Les Fiancés de l'hiver

Il aura fallu que ce roman soit édité en version poche pour que je me le procure... en version grand format ! A vrai dire, le livre en soi est tellement merveilleux que j'ai totalement craqué. C'était déjà un livre que je convoitais dans la médiathèque où je travaillais précédemment, et j'ai lu et entendu tellement de critiques enthousiastes qu'il me tardait de découvrir les aventures de la passe-miroir. 
Enfin, quoi de mieux - entre nous, que de lire des aventures qui se déroulent dans une région envahie par l'hiver, le froid mordant et une neige intarissable, quand il fait trente degrés, je vous le demande !
Florence + The Machine - Seven Devils - en fond, et je vous parle de mon ressenti sur cette lecture !

Ophélie vit sur l'arche d'Anima, où elle met à disposition ses dons pour le compte du musée. Elle est en effet capable de "lire" les objets. Lorsqu'elle ôte ses gants, elle peut, au contact de n'importe quel objet, retracer son histoire et découvrir ses secrets. Elle peut également traverser les miroirs pour se déplacer. Ayant toujours refusé de se marier, elle ne peut cette fois-ci plus y échapper. Elle est promise à Thorn, du clan des Dragons qui vit, lui, à la Citacielle - un archipel qui flotte dans les airs. N'ayant jamais quitté Anima, elle doit laisser sa famille derrière elle pour entamer une toute nouvelle vie. 
Lorsqu'elle sort du zeppelin, cet hiver si brutal lui glace le sang. Sans parler de Thorn, qui, lorsqu'il découvre Ophélie, ne peut s'empêcher de lui faire comprendre qu'elle ne tiendra jamais le coup dans ce monde impitoyable. Pourquoi tient-on à marier ces deux êtres que tout oppose ? Quel secret se cache derrière ce mariage tant attendu ? Ophélie sera-t'elle capable de déjouer les plans dont elle fait l'objet, et de trouver sa place dans ce monde fait d'illusions ?

Vous l'aurez compris, c'est le roman initiatique d'Ophélie. Des lunettes de myope, une énorme écharpe enroulée autour du cou, de longs cheveux bouclés qui lui tombent sur le visage, Ophélie se cache. Elle parle tellement faiblement qu'on a du mal à l'entendre. Elle préfère s'effacer dès que possible. C'est un personnage véritablement attachant de part sa maladresse - liée à un accident de miroir, et sa fragilité. Pourtant, elle détient entre ses mains deux pouvoirs d'une puissance inouïe. 
Obligée de sortir de sa zone de confort, elle se heurte. A Thorn, qui ne semble pas ravi de ce mariage et la met en garde constamment. A ce nouvel environnement peu chaleureux, dans lequel elle ne peut faire confiance à personne. En tant que lecteur, on a envie de la protéger. Et surtout, on la voit grandir, apprendre de ses erreurs, devenir quelqu'un de plus fort au fil des pages. C'est ce qui fait de ce roman un véritable coup de cœur pour moi : son héroïne.

L'histoire est sublimée par la plume de Christelle Dabos. Elle s'attache au moindre détail, et on visualise très bien chaque scène. C'est tellement confortable de lire ces scènes d'une précision extrême ! Surtout lorsqu'on lit un roman fantastique. Plus les descriptions sont fines, plus l'image se fait facilement. Sans parler des images utilisées, toujours bien trouvées, toujours bien pensées. 

L'intrigue est bien menée, même si on languit qu'Ophélie puisse utiliser un peu plus ses pouvoirs ! La Citacielle est faite de faux semblants, les illusions remplacent la plupart du temps une réalité morose. Ce qui peut paraître déstabilisant est également une force dans le roman. Tout comme l'héroïne, on ne sait jamais sur quel pied danser avec les personnages et on a envie de lire la suite pour en savoir plus ! A chaque nouvelle rencontre, c'est d'abord la méfiance qui prend le dessus. L'histoire fait que chaque personnage bascule à un moment du côté des alliés ou des ennemis ! Et c'est un aspect qui m'a réellement captivée !!! Et bien entendu, l'histoire entre Thorn et Ophélie. Vont-ils un jour éprouver des sentiments l'un pour l'autre ?
Les réponses lors de cette lecture que je vous recommande chaudement - mmh ou froidement

Je vous quitte avec une belle illustration que j'ai trouvé en farfouillant le net, et qui est pour moi la meilleure !


dimanche 19 juin 2016

Chemins Toxiques

Chemins toxiques m'a de suite intrigué, notamment grâce à sa couverture énigmatique. Une chaussure seule, qui s'enfonce dans ce qui semble être une flaque d'on-ne-sait-pas-trop-quoi, mais qui n'a rien de naturel - et de net

Tamaya fait tous les soirs le chemin de l'école avec son ami Marshall. Pourtant, ce soir-là, celui-ci en a décidé autrement. Il souhaite emprunter un raccourci, et couper à-travers les bois. Alors qu'ils se frayent difficilement une nouvelle route, Chad, la brute de l'école, leur tombe dessus. Il attendait Marshall à la sortie, et semble très en colère de ne l'y avoir pas trouvé. Alors qu'il le bouscule et le met à terre, Tamaya lui vient en aide. Ni une, ni deux, elle envoie une poignée de boue au visage de Chad. Profitant de cet instant de répit, Tamaya et Marshall réussissent à lui échapper et parviennent à rejoindre leur domicile. Pourtant, le soir dans son lit, Tamaya remarque que la main avec laquelle elle a lancé la boue change d'aspect. Tout son bras finit par révéler des cloques, la peau tombe en lambeaux, quelque chose d'anormal est en train de se produire. Dès le lendemain à l'école, elle apprend également que Chad a disparu et n'est jamais rentré chez lui... Prise de culpabilité, elle décide de partir à sa recherche.

Le propos même de ce roman, c'est certainement le harcèlement scolaire. C'est le point de départ des aventures de nos trois héros. D'entrée de jeu, on découvre que Tamaya est elle-aussi victime de harcèlement. C'est l'"intello" de la classe, qui  ne déborde jamais, et rappelle même parfois à l'ordre. Elle est clairement à l'opposé des Bad boys de l'école, qui se la jouent plutôt cool à enfreindre les règles. Est-ce mal de bien se comporter ? Tamaya ne semble pas intégrée à cause de sa bonne conduite. Première interrogation.
Elle est amie avec Marshall, qui lui est sous le joug de Chad, un garçon qui vient de changer d'école. Il l'a pris en grippe d'entrée de jeu, et ne veut pas le lâcher, lui rendant la vie impossible. Plus personne ne daigne parler à Marshall, qui est constamment isolé. Nos deux amis préfèrent encore se perdre dans une forêt qu'ils ne connaissent pas, plutôt que d'affronter Chad, ce qui en dit long sur leur malaise...

Pourtant, sous cette carapace de brute se cache en réalité un garçon qui souffre lui aussi, mais pour d'autres raisons. Ce qui est très intéressant dans ce roman, c'est que les trois héros vont être forcés de communiquer pour s'en sortir dans la forêt et donc d'aborder ce genre de questions ensemble. Marshall n'avait auparavant jamais compris pourquoi Chad s'en prenait constamment à lui, et va ainsi le découvrir.

L'histoire se déroule sur fond de drame scientifique. La boue trouvée dans la forêt, de couleur verdâtre, est en réalité contaminée par une sorte de bactérie à haute énergie, déployée à l'origine pour être utilisée comme carburant. Malheureusement non contrôlée, elle s'est multipliée jusqu'à devenir néfaste pour l'homme. Le récit alterne entre l'histoire principale et des interviews scientifiques. Cela nous permet de mieux comprendre d'où sort cette boue toxique, et quelles en sont les conséquences.

A vouloir aborder plusieurs thématiques, je trouve que l'on se perd. J'ai fait une pause juste au moment où Tamaya rentre chez elle, et qu'elle s'aperçoit que son bras est contaminé. J'ai alors imaginé qu'elle allait être dotée de super pouvoirs, et que j'allais embarquer dans quelque chose de fantastique, semblable à la série Les Incroyables pouvoirs d'Alex - pour ceux qui connaissent ! Pourtant c'est un tournant bien différent que prend le roman. Je pense que je m'attendais à quelque chose de plus léger, mais c'est quelque chose de relativement pesant que j'ai trouvé - même les pages finissent par être envahies de bactéries ! La plume de Louis Sachar reste tout de même très agréable, ça, on ne peut pas le nier. Malgré tout, la combinaison harcèlement scolaire / thriller écologique n'a pas fait de ce roman un coup de cœur pour moi. Je pense tout de même que le suspens est au rendez-vous et pourrait en faire un roman plaisant pour les personnes avides du genre !


 

dimanche 5 juin 2016

Sauveur & Fils

Il a le nom de l'emploi, ça on peut le dire ! Sauveur Saint-Yves est un psychologue d'origine martiniquaise, débarqué en métropole il y a peu avec son unique fils, Lazare. A la tête de son propre cabinet, il accueille des patients, notamment de jeunes patients avec des troubles qu'il va devoir tenter de comprendre et d'apaiser. 
A 14 ans, Margaux souffre et cela se traduit par de multiples coupures sur les bras qu'elle s'inflige dès qu'elle a trop mal. Ella, 12 ans, ne supporte plus de mettre les pieds à l'école. Une phobie qui l'empêche de vivre. Cyrille est un jeune garçon de 9 ans qui, depuis peu, se remet à faire pipi au lit la nuit. Quelle est la cause de ce changement soudain ? On découvre également les trois sœurs Augagneur dont la vie est chamboulée le jour où leurs parents divorcent, leur mère quittant leur père pour une femme.
Pourtant, sous son apparence bienheureuse, Sauveur a un passé. Celui-ci refait surface sous la forme de mystérieux quimbois, sortilèges vaudou, déposés chez lui. 
Qu'est-ce qui a réellement poussé Sauveur à fuir la Martinique ? Pourquoi n'arrive-t'il toujours pas à évoquer l'accident qui a emporté la mère de Lazare ? 

Vous l'aurez compris, ce roman regorge de secrets que l'on découvre au fil de notre lecture ! 
D'une part, on suit les patients sur plusieurs séances, ce qui permet de dénouer le problème et surtout, de comprendre l'origine des troubles présentés par les enfants - il ne s'agit pas là de causes médicales. Chaque trouble est en réalité la face visible de l'iceberg. La face cachée : un événement passé sous silence ou un bouleversement immense dans la vie de ces ados ou pré-ados.

Le récit laisse une grande place au dialogue. Le cabinet de Sauveur, c'est un espace de parole, d'échanges, on s'y sent bien - même toi lecteur, tu verras. Sauveur se contente la plupart du temps de répondre par des questions, ce qui fait que l'on s'interroge aussi pas mal. Bien sûr, l'adolescence est au centre des propos, puisque c'est un âge particulier, durant lequel on peut se heurter au mal-être ou chercher sa place. Pas que. Car la difficulté de cet âge, ce sont aussi les relations familiales. Elles sont un enjeu crucial dans le roman.
 
En parlant de famille, il était habile que Sauveur et son fils Lazare ne soient pas épargnés par le sort. En effet, ils sont la preuve que tout le monde peut être touché. L'homme fait des erreurs, ou se retrouve dans une situation où il est parfois impuissant. Il arrive que Sauveur soit en proie au doute quant à son métier, à son rôle. Est-il possible de "sauver" les gens ? Ou bien est-il là pour aider les gens à se sauver eux-mêmes ?

Ce roman est un vrai bouillonnement de réflexions philosophiques, et, en ça, je l'ai trouvé juste grandiose. Tout est subtilement amené, jusqu'à ces deux hamsters qui permettent de faire de nombreux parallèles avec l'humain. Sans parler de l'exotisme martiniquais qui apporte une touche de fraîcheur bienvenue face à des événements plus sombres. Il s'agit là d'une saison 1, donc il est bien possible que l'on retrouve notre psychologue favori pour de nouvelles aventures prochainement !

Petite note. Je viens de lire à la fin du roman que l'animal sur la couverture est en réalité un cochon d'Inde, et non un Hamster (je n'avais pas réalisé) ! - ça valait bien un abonnement Instagram de plus à @boobooandfriends
 
 

mercredi 18 mai 2016

La vie rêvée d'Eve

C'est en découvrant le tome 2 de la vie rêvée d'Eve sur les tables des nouveautés que je me suis dit, "Oh mais ouiiii, j'ai le premier tome quelque part dans ma bibliothèque"! J'avoue que je l'y avais placé en remettant sa lecture encore et toujours à plus tard. Finalement, il aura fallu la sortie de la suite pour me donner le coup de fouet nécessaire et que j'entame cette série. Et franchement j'ai bien fait !

L'histoire se déroule en 2032 aux USA, seize ans après qu'une épidémie de peste ait décimé une grande partie de la population. L'ordre est complètement bouleversé. Les survivantes sont séparées des garçons et placées dans des écoles afin de les éduquer. 
Eve est la meilleure élève de sa promotion. Elle est donc destinée à un grand avenir. Après avoir reçu son diplôme, elle pourra enfin quitter l'école, et vivre enfin la vie dont elle a toujours rêvé, exercer un métier, construire son avenir... 
Oui mais voilà, tout est chamboulé le jour où Arden lui révèle la vérité : les meilleures élèves sont destinées à devenir des "pondeuses" et à repeupler le continent. Eve va alors vérifié d'elle même les propos de son amie, et découvrir une vision d'horreur. Celle de jeunes filles enceintes arnachées, retenues contre leur gré. Elle prend une décision qui va être décisive, celle de s'enfuir. Pourtant, elle et les autres de son école n'ont jamais été autorisées à quitter l'enceinte du lycée. Qu'il y a-t'il dans la "Zone", ce no man's land où personne ne s'est aventuré depuis des années ? Elle va bientôt le découvrir aux côtés d'Arden, et faire des rencontres, notamment celle de Caleb, un jeune rebelle. 

La fuite d'Eve est réellement captivante ! Notamment grâce au rythme du roman qui est soutenu. L'auteur ne perd pas de temps, mais ne va pas trop vite non plus. J'ai donc apprécié ce juste équilibre des choses. On nous pose le décor, le contexte, et derrière l'action et les rebondissements sont là. Un brin angoissant parfois car Eve est en cavale, ce qui veut dire qu'elle est perpétuellement menacée.
Elle est recherchée par le roi lui-même pour devenir sa pondeuse officielle. Très intrigant parce qu'on ne sait rien du gouvernement actuellement en place. On entend parler d'un roi, sans vraiment savoir quel pouvoir on lui a concédé, ni comment il a réussi à s'imposer - ce sont certainement des réponses que l'on aura dans les prochains tomes ! 
Sur sa route, elle fait la rencontre de Caleb, qui est déterminante pour elle. Assez cocasse au début car les hommes effraient Eve - Rappelons qu'elle n'en a jamais vu de sa vie ! En effet, à l'école, on met constamment en garde les jeunes filles et on leur fait peur avec des histoires fausses bien entendu. Mais ce détail laisse place à des scènes plutôt drôles, je ne vous en dis pas plus, vous les découvrirez en le lisant ! Puis, le petit truc en plus pour moi dans ce roman, c'est la détermination d'Eve à vouloir sauver les autres filles retenues captives. C'est une battante - on retrouve un peu de Katniss Everdeen en elle, pour notre plus grand bonheur - et ne veut pas s'en sortir seule. Elle a des pensées récurrentes pour ses amies, et on sent qu'elle a pour intention de libérer ses pairs. J'ai apprécié ce trait altruiste très présent chez elle.
Très bonne lecture que je vous recommande si vous aimez la dystopie !
- Et encore une fois, j'ai adoré la référence à la Servante écarlate  de Margaret Atwood en tout début de roman, car c'est le précurseur du genre !



lundi 9 mai 2016

Le Monde des Ferals

Je vous retrouve en grande joie aujourd'hui. Du bon son avec le nouveau Red Hot Chili Peppers - un souvenir de concert mémorable - Dark Necessities. Merci Flea pour cette basse, je t'aime voilà c'est tout. Je vais vous présenter un roman qui m'a également fait vibrer. Vous ne connaissez peut-être pas encore mon amour pour les corbeaux, mais c'est un animal qui me fascine depuis que j'ai eu la chance d'en croiser dans les grands espaces de l'Ouest américain.

Crow a perdu ses parents alors qu'il était tout jeune. A treize ans, il vit avec trois corbeaux dans un nid qu'ils se sont confectionnés dans un parc abandonné. Crow est un garçon un peu sauvage, qui évite le contact avec les humains et préfère la compagnie des animaux. Pourtant il aime jeter un œil dans les maisons du quartier et rêver à un foyer chaleureux. Inexorablement, il est attiré par la même maison. Un jour, le père de famille en sort, pressé. Il se dirige vers la prison de la ville. Crow le suit et va lui sauver la vie face à trois évadés des plus dangereux. Il se lie ensuite d'amitié avec Lydia, sa fille. Crow découvre à la suite de cette aventure qu'il est en réalité un Feral, un être capable de parler aux animaux... et qu'il n'est pas le seul ! Ce secret entraîne de grandes responsabilités, notamment celle d'arrêter les trois bandits échappés, qui s'avèrent être de redoutables Ferals ! 

Première chose, et pas des moindres à mes yeux, le fait de pouvoir communiquer avec les animaux et quelque chose dont on rêve tous je pense ! Arriver à les comprendre, avoir un lien privilégié avec une espèce en particulier, être un Feral est quand même quelque chose d'exceptionnel qui m'a captivé de suite. C'est donc assez aisément que j'embarquais dans ce monde là, et je pense que ça en captivera d'autres que moi ! Crow est un croasseur, capable de parler aux corbeaux. Crumble, qui est un roucouleur parle, lui, aux pigeons ! - Vous me direz, moins impressionnant mais ils se révèlent être de vaillants combattants, on les sous-estime ! Je vous garde la surprise des autres personnages, car on en rencontre d'autres, et c'est toujours magique de découvrir leur animal lié.
Quand Crow parle à se corbeaux, il les comprend très bien. Lorsque Lydia débarque dans leur vie, les corbeaux ne l'apprécient guère car elle bouscule leur équilibre. Ils font pas mal de réflexions, que Crow traduit pour elle, et en change le sens évidemment pour ne pas la vexer. Petit détail que j'ai trouvé fort sympathique et drôle.
Il faut quand même soulever le fait que l'histoire est assez sombre, et qu'il peut éventuellement effrayer les plus sensibles. Pas plus tout de même que des romans tels que Harry Potter, mais je préfère mettre le doigt sur cet aspect. 
En attendant, je me demande avec quel animal j'aimerai entamer une discussion philosophique.
Un poulpe peut-être ? Je suis certaine qu'ils ont des tonnes de choses à dire !
Un roman fantastique de plus dont je vais attendre la suite avec impatience.


Le Tome 2 est prévu pour 2017 !

mercredi 27 avril 2016

Un ogre en cavale

Ahhhhh un petit roman frais, plein de fantaisie, j'avoue que ça fait toujours extrêmement chaud au cœur de tomber sur des pépites !!
Je connaissais l'auteur Paul Beorn via son roman coécrit avec Silène Edgar, 14-14, qui avait reçu le prix Gulli du roman jeunesse 8-12 ans. On le retrouve cette fois-ci seul aux commandes pour Un Ogre en cavale, toujours édité chez Castelmore, et qui se destine au même public.

Alors que Jeanne dort dans sa chambre d'hôpital, un ogre débarque et dérobe... son cœur ! Alors qu'elle réalise ce qui est en train de se passer, il a déjà pris la fuite. Que fait cette créature fantastique ici ? Un chat qui parle, un mousquetaire apparaissent également comme par magie ! 
"Vous n'auriez pas vu passer un ogre par hasard ?" 
Tous les trois vont ainsi se lancer à la poursuite du géant. Car Jeanne, maintenue en vie par de la poudre de dragon, doit absolument récupérer son cœur. 
L'ogre dérobe et engloutit tout sur son passage, ce qui le fait grandir, grandir, GRANDIR !
Comment nos héros vont-ils faire pour stopper sa folle course dans les rues de Paris ?

Ce roman, c'est une course poursuite démentielle ! Le choix d'ajouter une carte de la capitale française en bonus de fin est vraiment bienvenu, car ça permet de repérer les différents lieux dans lesquels va se passer l'action. A mes yeux, c'est une super idée pour les enfants. Je vous joins également un aperçu des illustrations qui sont juste fabuleuses - Jeanne en train de dévorer un bout d'aile de gargouille transformée en caramel par l'ogre.
La force de ce roman, c'est l'univers dans lequel il vous embarque ! L'ogre transforme ainsi tout en nourriture pour pouvoir l'ingurgiter. Le fait qu'il grossisse le rend à la fois de plus en plus monstrueux mais également facilement repérable et beaucoup plus lent. On rencontre d'autres figures mythiques tels que les gobelins. Leur mission ? Collectionner tout ce qui a été "perdu"! Ils vont notamment négocier l'enfance perdue de Jeanne contre un peu d'aide. J'ai également adoré les potions surprises que Jeanne prend. Notamment la potion de "chance", qui transforme une chute en doux atterrissage. Des ballons qui s'envolent et la retiennent ? Tout est normal ici ! 

 


Enchantée par cette lecture comme vous le constatez, alors aucune hésitation si vous avez des enfants avides de magie à gâter !

lundi 18 avril 2016

La Déferlante

Hello hello. Cette semaine, je me suis laissée tenter par un roman des éditions Pocket, qui était vraiment très prometteur à mes yeux - Sleeping with Sirens en fond sonore se prête bien à l'ambiance je trouve ! Une couverture au top, une quatrième qui fait envie et laisse entrevoir plein de suspens. Bref, un roman pour lequel j'ai flashé et dans lequel je me plongeais avec grande joie.  
Ici, le Teaser du roman par Pocket jeunesse ! - Avouez que ça donne envie.
Oui mais voilà. Trop d'attentes peut-être, je me suis heurtée à pas mal de déception. 

Lyric vit dans une ville de la côté atlantique des Etats-Unis. Trois ans déjà que les humains partagent le front de mer avec les Alphas, des créatures mi-hommes mi-poissons, qui ont quitté les fonds marins pour la terre ferme. Les raisons de ce changement reste obscures. Un programme dans le lycée de Lyric offre la possibilité à des jeunes Alphas de suivre des cours. La ville essaye en effet tant bien que mal de les intégrer à la société. Tant bien que mal, car le projet est loin d'être réussi. En effet, des groupes extrémistes rejettent en masse ces nouveaux arrivants. Ils vont s'en prendre également à tous ceux qui daigneront les défendre. Lyric partage la classe du prince des Alphas, Fathom, avec qui elle va se lier d'amitié. A partir de ce moment, sa vie prend un nouveau tournant. Elle va notamment découvrir le grand danger qui menace les Alphas - et peut-être même les humains ?

Bilan très mitigé pour ce roman. Tout d'abord, je pense qu'il manque un brin d'équilibre. La mise en place est longue, et l'action arrive bien trop tard - Il faut attendre la dernière centaine de pages pour qu'il se passe ENFIN quelque chose de vraiment captivant. Avant cette scène finale qui sauve le roman et fait que l'on termine sur une bonne note, on suit Lyric, sa relation avec sa famille et surtout avec Fathom. Vous vous doutez bien qu'ils vont finir par tomber raide dingue amoureux, même si Fathom est promis depuis tout jeune à une sirène. Leur relation tient une place importante, à tel point que l'histoire m'a rappelé Twilight - et c'est pour dire.

A la fois, le peu d'action qui se déroule est lié à de la violence permanente. J'ai trouvé que le peuple des Alphas se bat en continu, notamment Fathom pour faire respecter la volonté de son père le Roi. Il y a aussi des affrontements permanents entre les humains et les Alphas, ce groupe appelé Niners qui s'en prend à tout ce qui bouge. Ces derniers vont jusqu'à faire plusieurs morts. Je me suis demandée ce qu'il pourrait bien se passer si cela arrivait vraiment, et j'ai voulu croire en une humanité un peu meilleure que celle dépeinte dans le roman. J'avoue que c'est quelque chose qui m'a perturbé, voire énervé parfois, du style "Non mais ils ne vont pas encore se battre franchement", ou "Encore ce groupe, ils sont PARTOUT, c'est insupportable". Bref, je pense que l'auteur aurait pu envisager autre chose que le combat et les querelles pour rendre le roman vivant.

Après, tout n'est pas noir non plus. Comme je disais, la dernière scène est chouette, Lyric découvre des choses sur sa famille et il y a  une scène assez badass où elle va avoir un rôle crucial. Mais ça ne suffit pas à rattraper tout l'avant, trop insignifiant à mon goût. Je serai curieuse d'avoir d'autres avis, j'arpente les forums à la recherche d'autres points de vue. Car après tout, cette critique reste totalement subjective ! Bien à vous si vous voulez tenter tout de même tenter le coup !

jeudi 7 avril 2016

Miss Peregrine et les enfants particuliers

Plusieurs fois, j'ai vu passer ce livre dans mes arrivages du jour. "Tiens, intrigante cette couverture!". J'avais alors pris la peine de lire le résumé. J'avais retenu que c'était une histoire autour de la Seconde Guerre Mondiale, qui aborde le nazisme et la persécution des juifs. Encore plus intrigant. Puis Miss Peregrine est remis en lumière avec la sortie du troisième volet en mai, et bien sûr, l'adaptation de Tim Burton tout bientôt. Il était vraiment temps que je me plonge dans ce roman. Et alors, qu'elle ne fut pas ma surprise quand j'ai découvert la dimension fantastique, que je n'avais pas perçu au premier abord !

Jacob Portman est extrêmement proche de son grand-père. Ce dernier a toujours pris soin de s'occuper de lui, et notamment de le bercer d'histoires toujours plus farfelues les unes que les autres depuis sa plus tendre enfance. Petit, persécuté par les nazis, il aurait trouvé refuge dans un orphelinat qui accueille des enfants, disons, "particuliers". Jacob, qui vient d'avoir seize ans, et alors loin de se douter... que ces histoires sont vraies ! Tout bascule le jour où il retrouve son grand père mourant au fond de son jardin, visiblement attaqué par des chiens sauvages. Alors qu'il lui fait des révélations mystérieuses, Jacob aperçoit une étrange créature, un monstre doté de plusieurs langues qui s'enfuit. Jacob va tenter de tout faire pour décoder les dernières paroles de son grand père. Avec son père, ils partent tous les deux sur une minuscule île du pays de Galle, supposée abriter l'orphelinat. La première excursion fait froid dans le dos. Des ruines. Il ne reste plus que des débris, et le lieu semble désert depuis longtemps. Et pourtant...

♥ Énorme, immense, que dis-je, gigantesque coup de cœur pour ce roman !! J'espère que ce début de résumé vous aura donner envie de découvrir les secrets de l'île et de l’orphelinat ! Et surtout d'en savoir plus sur ces enfants particuliers, quels sont leurs dons notamment - vous n'allez pas être déçus par l'originalité ! Miss Peregrine vous envoûtera à n'en pas douter, c'est un personnage plein de charisme, qui tient une place de choix ici et auquel on s'attache très vite. Le fait que ce soit un roman graphique, parsemé de photos retrouvées dans des collections de vide-greniers et autres brocantes renforce le charme. Sans oublier l'intrigue, car vous vous en doutez, on ne va pas laisser ses enfants tranquille du tout - quelques monstres en mangeraient bien un bout ! La couverture peut faire croire à un livre d'horreur, mais ce n'est pas du tout le propos. Miss Peregrine est avant tout une aventure fantastique, pleine de poésie. On s'attache vite à ses gosses, on a envie qu'ils mènent une vie paisible. En bref, je vais m'empresser de lire le Tome 2 afin d'être prête pour la sortie du dernier volume !    

Ici, la bande annonce du film de Tim Burton, avec une superbe chanson, New World coming de Benjamin Wallfisch & Disa - que j'écoute en boucle depuis !


Miss Peregrine et les enfants particuliers, de Ransom Riggs - Bayard

dimanche 3 avril 2016

Ma meilleure amie s'est fait embrigader

Je vous retrouve cette semaine avec un nouveau roman que m'a fait parvenir les éditions La Martinière, que je remercie fortement. Dounia Bouzar est une anthropologue grenobloise, notamment à l'origine du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam, qui a sauvé plus de mille jeunes - rien que ça me direz-vous ! Elle est déjà l'auteure de plusieurs essais, toujours en lien avec cette thématique qui lui tient à cœur, "sortir de l'emprise djihadiste". 
C'est à-travers la fiction qu'elle veut aujourd'hui toucher le jeune public. Et quoi de mieux qu'un roman mettant en scène deux adolescentes, deux meilleures amies que rien ne semblait pouvoir séparer ?

Camille et Sarah se connaissent sur le bout des doigts, partagent tout depuis deux ans. Pourtant, tout change très rapidement. Camille, en surfant sur la toile, tombe sur des sites qui mettent toutes ses certitudes en doute. Notre monde actuel est corrompu, on essaye de nous duper, rien de ce qu'elle a appris n'est vrai. Le seul espoir, la seule lueur qu'elle perçoit dans ce chaos qu'elle découvre, c'est de se tourner vers un islam radical qui apporte des solutions. De fil en aiguille, elle entre en contact avec des personnes chargées en réalité d'embrigader des jeunes pour la Syrie. Ces contacts la rassurent, la guident soit-disant vers le chemin de la "vérité"... Lorsque Sarah et la famille de Camille réalisent ce qu'il se passe, il est déjà trop tard. Camille n'est plus la même. Il s'ensuit alors une longue route pour la ramener dans le droit chemin, mais Sarah fera tout pour sauver sa meilleure amie.

Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est d'une part le choix des personnages. Camille, bonne élève, grandit dans une famille aimante, laïque. Elle n'a donc a priori aucune raison de tomber dans le piège de l'islam radical. Et pourtant, cela peut arriver à tout le monde. Il n'y a pas de profil-type, chaque adolescent, plus ou moins fragilisé à un moment donné peut se retrouver à chercher du réconfort au mauvais endroit. Par manque d'information, c'est ce que semble soulever Dounia Bouzar. Internet est un espace tellement vaste. Il n'y a pas de filtre, et c'est clairement là le danger. Ensuite, elle identifie les signes qui doivent alerter. L'adolescent se replie sur lui-même, se coupe du monde. C'est la principale technique utilisée par les recruteurs, qui tentent d'éloigner les jeunes de leur entourage. Enfin, elle apporte des éléments pour parer à cet embrigadement. Lorsque les parents de Camille apprennent la situation, ils rejettent tout en bloc. Ils la menacent, rejettent la religion vers laquelle elle s'est tournée dans son intégralité, ce qui ne fait que renforcer les convictions de Camille. Dounia Bouzar met en lumière le fait qu'il faut au contraire lui montrer tout l'amour qu'on lui porte, chercher à comprendre pourquoi elle était fragilisée, ne pas l'abandonner. 

J'admire Dounia Bouzar. Heureusement qu'elle est là, qu'elle se bat de tout son être pour faire changer les choses. Elle écrit en connaissance de cause, on sent le vécu dans ses propos, l'expérience du terrain, les rencontres avec des gens à qui c'est réellement arrivé. Je ne peux qu'encourager cette initiative. Ce roman est à mettre entre toutes les mains !!

dimanche 20 mars 2016

Magnus Chase


Bienvenue dans le monde folklorique des Vikings avec Magnus Chase ! C'est le dernier opus de Rick Riordan, qui s'attaque cette fois-ci à la mythologie nordique à-travers un héros blondinet aux allures de Kurt Cobain. Grâce à la série Vikings, ma connaissance des dieux et cultes nordiques a été un peu dégrossie - j'en profite d'ailleurs pour écouter Fever Ray, et le sublimissime If I had a heart. Mais grâce à ce roman, j'ai vraiment pu approfondir cette culture qui se révèle extrêmement riche.  


Magnus Chase, seize ans, erre depuis deux ans dans les rues de Boston à la suite de la perte de sa mère. Livré à lui-même, il apprend à survivre et se forge un caractère bien trempé. Son oncle finit un jour par le retrouver, et va lui révéler le secret de sa naissance. Magnus est en réalité le fils de Freyr, Dieu nordique du soleil et de la pluie - représenté ci-dessus à dos de sanglier. Il lui apprend également que son épée a disparu il y a deux mille ans et qu'elle est un élément essentiel dans les nombreuses prophéties. 
Après divers périples, Magnus réussit à la retrouver. Il la faire ressurgir des profondeurs de l'océan en l'invoquant. Au même moment, Surt, un géant de feu, débarque. S'ensuit un affrontement musclé sur un pont, durant lequel une boule de feu incandescente tue Magnus sur le coup. Celui-ci se réveille au Walhalla, le paradis des guerriers au service d'Odin. Il a été choisi par une walkyrie du nom de Sam. Ce n'est alors que le début des aventures. En effet, Magnus doit absolument empêché Surt de récupérer l'épée qui lui servira à couper les liens de Fenrir, un immense loup retenu captif. Selon la prophétie, sa libération serait à l'origine de la bataille de Ragnarök, autrement dit la fin du monde...

La lecture de ce livre est une envolée directe pour les pays du Nord! Il nous transporte loin dès les premiers instants, mais surtout lorsque l'équipe se balade dans les Neufs mondes. Magnus est accompagné durant sa quête d'un nain et d'un elfe, qui veillaient sur lui depuis toujours dans la rue et se révèlent sous leur vrai jour au moment du premier affrontement avec Surt. Personnellement j'ai adoré m'imprégner des petites histoires de familles entre les Dieux, Rick Riordan a fait un travail titanesque pour se documenter. Magnus se retrouve notamment coursé par Ratatosk dans l'arbre-monde, petit écureuil qui colporte des rumeurs et insultes entre l'aigle à son sommet et le dragon qui dévore ses racines. Car, tant qu'il entretient cette haine, il n'a rien à craindre d'eux. On découvre également Loki, et son éternelle instabilité. Personnage double, qu'on ressent parfois allié, mais également capable de traîtrise. Et alors la palme revient à Thor ! Aux antipodes des représentations véhiculées par Marvel, c'est un personnage complètement égocentrique, un poil stupide et doté d'un humour gras !  Un roman qui vaut donc le détour si on s'intéresse à la mythologie nordique. 
L'auteur a même pensé à nous guider dans ce labyrinthe avec un lexique, ce qui m'a servi plus d'une fois j'avoue !



lundi 14 mars 2016

Hector et les pétrifieurs de temps


Hector et les pétrifieurs de temps, c'est ma claque du mois de février ! Un petit morceau de Haïm lancé, et je vous en dis un peu plus sur ce roman d'une drôlerie exceptionnelle !

La vie de Hector, notre jeune héro, bascule le jour où, dans sa classe de CM2, tout se fige autour de lui. Le professeur M. Longbêta en plein pendant une interrogation sur l'érosion des sols, même la brute de la classe, Achille, coincé les doigts dans le nez, tout s'arrête. Dans cette ville où il ne se passe d'ordinaire rien - à tel point que la presse annonce des titres pauvres tels que Un homme accidentellement pris en photo - un phénomène encore inexpliqué va changer le quotidien ! Au début de l'histoire, Hector va plutôt s'en amuser. En effet, quoi de plus fun que d'aller faire un tour au magasin de bonbons lorsqu'il est le seul à pouvoir bouger? Ou de déplacer les élèves qui le taquinent pour se venger? Jusqu'au moment où, lors d'une pause, des créatures monstrueuses pointent leur nez. A l'origine des pauses dans le temps, elles n'ont pas les intentions les plus heureuses qui soient! Hector réalise au même moment qu'une jeune fille prénommée Alice possède le même pouvoir que lui : elle n'est pas sensible à ces troubles temporels!! Ensemble, ils vont tout faire pour déloger les monstres, avant qu'il ne soit trop tard...

Vraiment, ne passez pas à côté des fous rires procurés par ce roman, car il en vaut vraiment la peine! On sent la patte anglaise de Danny Wallace, et son humour bien particulier - bon, et d'ailleurs il est humoriste à la base, et c'est lui qui est à l'origine de Yes man! Petite scène que j'ai adoré, c'est le passage où Hector est dans le magasin de bonbons. Il tente d'en subtiliser pendant une pause dans le temps, mais il est pris de remords et s'enfuit en brisant une bonbonne en verre. La vendeuse, figée alors qu'elle éternuait, se réveille, et pense réellement être à l'origine de la casse! Ce sont des petites choses, petites situations et anecdotes qui font de ce roman un grand roman jeunesse à mes yeux! Sans parler du suspens, car il y en a aussi. Puis une fin qui présage certainement une suite, si Danny Wallace veut bien s'y remettre! Je serai là.

   

mercredi 2 mars 2016

Le Jeu du maître


Me revoilà cette semaine avec une petite chronique sur Le Jeu du Maître (et oui, l'accent circonflexe est désormais facultatif depuis la réforme de l'orthographe, mais j'y tiens!), le nouvel opus de James Dashner. Pendant les fêtes de Noël, j'ai pu lire le premier tome de la série Labyrinthe, et j'étais tombée en admiration devant ce que je considère comme un chef d’œuvre! Captivant au possible, ce roman te tient en haleine du début à la fin. En perpétuelle recherche des réponses aux multiples questions que tu te poses, tu ne peux décemment pas le lâcher avant de savoir! Mais voilà, l'auteur est ultra fort, et n'apporte pas toutes les réponses de suite. Un style auquel j'accroche véritablement, j'étais donc pleine d'enthousiasme lorsque j'ai récupéré le nouveau roman, qui sort en librairie le 3 mars prochain.
Alors suspens, suspens, est-il aussi convaincant que Labyrinthe?

... Et la réponse est un grand OUI!
L'histoire se déroule dans un monde futuriste. Michael, comme tous les jeunes de son âge, aime se plonger dans un monde virtuel, à mi-chemin entre le jeu et le réseau social dans lequel il retrouve ses amis. Pour cela, il place son corps dans une capsule, le relie entièrement au serveur grâce à des connecteurs sensoriels. 
Alors qu'il est connecté, une jeune femme arrache son Noyau devant lui, et se jette dans le vide, expliquant qu'elle ne supporte plus les menaces et harcèlements d'un certain Kaine. Michael sait que sans son noyau, elle ne survivra pas non plus dans le monde réel. Après cet épisode, il est contacté par la VNS, l'équivalent de la police dans le monde virtuel, qui lui demande d'enquêter sur cet étrange joueur appelé Kaine. Celui-ci représente en effet un réel danger. Forcé d'accepter cette mission, il va alors partir à sa recherche, et notamment s'aventurer dans les mystérieux tréfonds du jeu, qu'on appelle le Sentier...

Ce roman est hypnotique. Le fait que la plupart de l'histoire se déroule dans un jeu vidéo offre des possibilités infinies, et l'auteur s'en empare avec brio. Il y a notamment un passage plutôt sympathique où nos ados en quête de Kaine vont devoir passer par un champ de bataille, un jeu dans le jeu - oui il y a une peu une mise en abyme ici -, et ça ne sera pas une partie de plaisir !
Michael fait beaucoup penser à Thomas de la série Labyrinthe, de part son intelligence, sa faculté à résoudre les problèmes lorsqu'il y en a, et son côté indomptable, rebelle dans l'âme, et personnellement, c'est quelque chose que j'apprécie vraiment chez nos héros !
Vous l'avez donc compris, Le jeu du Maître est captivant au possible, donc aucune hésitation à avoir! Et alors le Must, c'est quand même le petit switch de fin, auquel on ne s'attend pas, et qui donne déjà envie d'avoir la suite entre les mains !



vendredi 12 février 2016

Perdus de vue.


Je suis de retour en ce début d'année, après avoir passé des fêtes intenses! Vous n'êtes pas sans savoir que la librairie est en ébullition durant le mois de décembre puisque Noël est l'occasion d'offrir à nos chères petites têtes quelques livres qui pourront les faire rire, les surprendre, les émerveiller... les élever! Je me suis également accordée une petite pause "Jeunesse" pour me lancer dans la série Outlander, dont j'ai dévoré le premier tome, et pour laquelle ça a été le coup de foudre direct. Mais ceci est une autre histoire! 
Aujourd'hui je vous présente un ouvrage qui fait partie de ces nouveautés de janvier qui m'ont tout de suite tapé dans l’œil - sans mauvais jeu de mots! 

Régine, atteinte de cécité, se retrouve bien embarrassée lorsque sa dame de compagnie, Bénédicte, prend un congé suite à la perte de sa mère. Une petite annonce à la librairie lui permet d'embaucher Anne-Sophie, lycéenne sérieuse et bonne élève. Cette dernière, ne pouvant finalement pourvoir le poste, demande alors à son ami Sofiane de la remplacer. N'ayant pas le choix, Sofiane se présente chez cette dame un brin aigrie et revêche. Le premier contact s'avère relativement difficile! Mais petit à petit, à force de communication, de partage, nos deux protagonistes vont finir par s'apprivoiser! Leur relation évolue, et va aboutir à un réel épanouissement pour chacun d'eux.
   
Du bonheur à l'état pur. Voilà ce que cette relation véhicule. Deux êtres que tout oppose, que ce soit les années qui les séparent, le milieu social puisque Régine appartient à une classe très aisée de Nice tandis que Sofiane vit, lui, dans la cité d'à-côté, jusqu'aux centres d'intérêt tout simplement.
On se demande au début ce qui va faire le ciment de leur relation, ce qui va finalement les unir l'un à l'autre. Ce sont des choses profondes. Pour Sofiane, l'absence d'un père parti une dizaine d'années plus tôt, les abandonnant lui et et son frère. Pour Régine, l'absence de ses enfants qu'elle s'est mise à dos. Chacun va réaliser à-travers l'autre que le manque est présent, et qu'il faut réparer ces relations brisées. Cette quête va se révéler bien sûr concluante, et c'est vraiment un roman feel-good!
Yaël Hassan écrit pour Régine, Rachel Hausfater pour Sofiane. C'est donc deux auteurs, deux plumes sublimes qui nous véhiculent deux fois plus d'émotion! Du rire lorsque Régine croit que c'est Sophie-Anne qui débarque, et lorsqu'elle découvre que c'est en réalité Sofiane. De l'émotion lorsque Régine recouvre symboliquement la vue à la fin du livre. 
La citation de Chagall en tout début de roman se prête réellement au propos. Mission accomplie Mesdames!