dimanche 27 novembre 2016

Espionnage intime

Depuis le temps que les ouvrages de Susie Morgenstern me passaient entre les mains, je pourrai enfin dire autre chose que "je connais de nom"! C'est avec Espionnage intime, petit roman de 140 pages, que je découvre une pointure de la littérature jeunesse.

Angélique mène une vie de collégienne tout à fait ordinaire. Elle est bien dans ses baskets, et coule des jours paisibles à l'école et à la maison. C'est même elle qui fait la morale à sa mère qui fume beaucoup trop à son goût. Cette dernière lui offre un jour son premier journal intime. Angélique prend l'habitude d'y livrer quelques unes de ses journées, notamment son ressenti vis à vis d'un garçon de son âge, Arthur. Jusqu'au jour où, entre deux pages, elle découvre de la cendre... Puisque sa mère l'espionne, elle va alors tenter de lui donner une leçon. Sans en imaginer les conséquences...

Belle représentation ici de la relation mère-fille qui se complexifie au moment de l'adolescence. C'est un âge où l'on prend de la distance/ du recul par rapport à sa mère. Les secrets font partie du quotidien. On cherche par dessus tout à préserver son jardin secret. On sent l'inquiétude omniprésente de la mère d'Angélique. C'est ce qui va d'ailleurs la pousser à s'immiscer dans l'intimité de sa fille dans son dos. Finalement, on se rend compte que c'est un passage obligé lorsque la grand mère d'Angélique avoue qu'elle lisait déjà la journal intime de sa fille à l'époque.
Je trouve ça innovant d'avoir une adolescente pour qui tout se passe bien, qui coule des jours heureux, sans nuages à l'horizon - ça change du schéma de l'adolescence complètement chaotique. J'ai vraiment apprécié qu'on ne tombe pas dans le cliché de la crise et d'avoir un tout autre point de vue.

L'intrigue est également inattendue. J'ai personnellement bien aimé le revirement de situation. Je ne m'attendais en rien à ce qui se passe à la fin, et personnellement, j'adore les effets de surprise dans un roman. Surtout l'aspect "Qui veut donner une leçon en reçoit une à son tour". Cette aventure resserre clairement les liens entre la mère et la fille. Oh - Happy ending.

Le rapport à l'écrit est également au cœur du récit. On ressent l'écriture comme une évidence à travers l'écriture du journal intime et le fait qu'Angélique veuille devenir écrivain. Communiquer par écrit est une manière d'affronter les changements de l'adolescence.

Les personnages qui gravitent autour de nos deux protagonistes sont attachants. Pablo, le petit frère un brin intellecto, la Tante Mia, complètement barjo. En quelques mots, j'ai passé un bon moment en compagnie de cette famille, et j'ai clairement replongé en adolescence. 

jeudi 3 novembre 2016

Les Disparus du Clairdelune

La suite des aventures de la Passe-miroir, enfin entre mes mains. J'avais réellement adoré le premier tome, et j'attendais énormément de la suite de ce roman qui m'avait marqué ! 

La vie suit son cours à la Citacielle. Ophélie est promue vice-conteuse et tente de se faire une place dans cet empire mené d'une main de fer par Farouk, l'Esprit de famille maître. Alors que le mariage avec Thorn approche, cette dernière reçoit des lettres de menace. Qui souhaite empêcher leur union ? Mais surtout, pour quelles raisons ? Au même moment, des personnalités haut placées sont portées disparues...  

Vous l'aurez compris, il va y avoir de l'intrigue dans ce second tome ! Les questions fusent dans tous les sens. Surtout qu'il y a ici plusieurs énigmes qui vont s'avérer liées. Mais on n'a beau voir les fils petit à petit, la toile ne se dessine qu'à la toute fin. Je salue grandement l'auteure qui mène le tout magistralement. Tout ça est d'ailleurs bien loin de s'arrêter, puisque la fin ouvre sur quelque chose d'absolument énorme. C'en est presque cruel de nous laisser comme ça, pauvres lecteurs assoiffés que nous sommes. Je prends mon mal en patience.

Au-delà de l'intrigue, j'ai été bluffée par le charisme des personnages. Notamment le Chevalier, délicieusement terrifiant. Ce petit garçon qui ne paye pas de mine, chétif, aux pouvoirs immenses puisqu'il s'insinue dans l'esprit des gens pour l'envahir d'illusions. J'ai rarement rencontré personnage plus dangereux et imprévisible. Notamment parce que c'est un enfant capricieux et rongé par la jalousie, et qu'il n'a aucune maîtrise de lui-même. Farouk est aussi un être incroyable. Sa taille impressionne. Sa présence aussi, puisqu'il compense sa faiblesse - son manque de mémoire - par un côté très autoritaire. 

Nos protagonistes évoluent à leur rythme. J'avoue d'ailleurs que, parfois, je crie intérieurement sur eux. Pour que ça aille plus vite ! Au début de ce second tome, Ophélie reste fidèle à elle même. Ce milieu ultra hostile m'a clairement angoissé. Peut-être parce que je me sens proche d'Ophélie, mais j'ai parfois du mal à supporter ses coups au moral, l'humiliation qu'elle subit - tout le talent d'une plume qui décrit parfaitement les sentiments. Surtout que cette oppression est une constante dans la première partie. Une chute incessante. Aucune branche à laquelle se raccrocher. Puis finalement, le milieu du roman est un tournant. J'ai apprécié de sortir de cette spirale infernale d'événements décourageants. Je me suis plongée corps et âme dans l'enquête, pour me délecter des derniers chapitres - le nirvana.

Encore une fois, j'admire le talent et la précision avec laquelle Christelle Dabos dépeint ce monde. Je trépigne d'impatience de découvrir les mystères du Livre de Farouk et de ce Dieu, pas si bien intentionné que ça.   

Harry Potter et l'Enfant Maudit

23 Décembre 2000. C'est la date à laquelle j'ai terminé le quatrième volet de la saga Harry Potter. Je l'ai d'ailleurs fanatiquement gravée sur les premières pages intérieures - l'ado un peu cinglée. Je me rappelle encore du jour où je l'ai choisi parmi tant d'autres. Un coup de foudre. J'ai commencé la série par la Coupe de Feu, suivie des trois premiers tomes - pour bien faire les choses dans l'ordre. Mais ça faisait sens, ça l'a toujours fait d'ailleurs. Bien avant la sortie des films. A cette époque, j'avais quatorze ans, tout comme Harry. Ce sorcier a tenu une place grandissante, jusqu'à devenir un pilier dans ma vie de lectrice.

Octobre 2016. Je passe de l'autre côté. Je ne suis plus l'adolescente qui vient tranquillement choisir sa lecture de Noël, je suis la passeuse. Deux sentiments m'envahissent. L'excitation, car c'est quand même juste dingue de me dire que je serai aux premières loges d'un événement aussi marquant. L'appréhension. Bien que J.K. Rowling ait choisi d'apposer son nom, elle n'est pas véritablement à l'origine de la pièce. Il y a un réel mystère autour du rôle qu'elle a tenu dans ce nouvel opus. 

L'histoire reprend à l'endroit exact où se termine les Reliques de la Mort. Albus, le deuxième fils de Harry, se tient sur le quai 9 3/4, et attend le Poudlard Express, accompagné de sa famille. Dans le train, il se lie d'amitié avec Scorpius, qui n'est autre que le fils de Drago Malefoy.
Plusieurs années vont s'écouler, renforçant cette amitié. Alors que notre jeune Albus est en quatrième année, il va surprendre une conversation entre son père, et Amos Diggory, le père de Cédric. Ce dernier lui reproche de cacher la vérité à propos de l'existence d'un retourneur de temps. Celui-ci pourrait lui permettre de sauver son fils, tué par Voldemort lors du tournoi des trois sorciers. Bien décidé à prouver à son père qu'il est capable de grandes choses comme lui, Albus va embarquer Scorpius et la mystérieuse Delphi, cousine de Cédric, dans des aventures périlleuses. 
Réussiront-ils à sauver Cédric  ?  Le passé peut-il ainsi être changé en toute impunité ?

Mon impression en lisant les premières pages : le soulagement. Lorsque j'ai appris que ce serait une pièce de théâtre, j'avoue avoir été mitigée. Comment s'imprégner d'un monde fantastique sans les longues descriptions ? Comme l'histoire se déroule dans des endroits très familiers, les dialogues suffisent amplement à se faire les images. Heureuse également de retrouver tous ces personnages - un peu comme retrouver des vieux potes perdus de vue
Harry n'est plus le personnage principal. C'est Scorpius qui lui vole la vedette. La pièce casse cette spirale des Malefoy, famille de méchants(-mais-en-fait-pas-si-redoutables-que-ça), avec un Scorpius tendre, sensible, qui vit seul avec son père depuis la mort de sa mère. Ce personnage est vraiment attachant. C'est drôle parce que personnellement, je suis restée longtemps méfiante envers lui. A tout moment, j'envisageais un potentiel retournement de sa part, que son côté sombre ressurgisse enfin.

Ayant échappé à tous spoilers, j'étais très très enthousiaste en découvrant qu'il s'agit à nouveau d'une histoire... avec des retours dans le temps !! Malheureusement, j'avoue que ce schéma du "On tente de changer le passé, mais en fait c'est encore pire, donc autant revenir dans le présent et accepter son sort" commence à m'insupporter. L'Effet papillon, ou encore 22.11.63 de Stephen King récemment, et il doit y en avoir certainement bien d'autres, ont déjà traité (voire épuisé) le sujet. J'ai trop rencontré cette configuration et surtout cette morale de fin, pour l'apprécier ici.

Autre question de fond de la pièce, les facilités scénaristiques vont bon train. Comment deux gosses de quatrième année peuvent duper une Hermione, Ministre de la Magie, aussi aisément ? Six pages pour fabriquer une potion réputée difficile, entrer dans le bureau et trouver le retourneur. Mais WHAT ?? Vous me direz que Harry, Hermione et Ron l'ont déjà fait, que sans ça, il n'y aurait pas d'histoire. Mais quand on compare combien de temps leur prend la résolution des énigmes, je crois que six pages est imbattable. Le format est certainement mis en cause ici, car une pièce de théâtre ne peut s'étendre trop. La fin où Harry se métamorphose en Voldemort m'a également laissé perplexe. Autant dire que si c'était possible dans le monde des sorciers, on aurait certainement rencontré une métamorphose auparavant ? 

L'Amitié, comme dans toute la saga, reste un incontournable point fort central. C'est toujours le Coeur des romans Harry Potter, et j'aime retrouver cet esprit. Ici encore, le héros n'arrive à rien sans les autres. L'isolement et le repli mènent aux forces du Mal. L'histoire qui s'installe entre Albus et Scorpius est aussi forte que celle de Harry-Ron-Hermione. C'est une chose à laquelle j'accorde beaucoup d'importance et qui m'a une nouvelle fois touchée.

Je qualifierais ma lecture de schizophrénique. Mon Moi, heureuse comme jamais d'être bercée une nouvelle fois par la magie du monde des Sorciers. Mon autre Moi, plus critique, qui saute au plafond parfois, s'interroge. Pour autant, je ne regrette pas une seconde d'avoir ouvert ce livre, et d'avoir fait ce nouveau voyage. Mon Amour de la série l'emporte donc.