vendredi 15 juillet 2016

Le garçon au sommet de la montagne


Un jour de Fête devenu jour de Deuil. Malgré la tristesse qui m'accable aujourd'hui, j'avais envie de vous parler du dernier livre de John Boyne. Ce dernier se passe en grande partie durant la Guerre de 39-45, et traite principalement du Nazisme. Quelque part, il fait clairement écho à tout ce que nous vivons ces temps-ci, car il montre les dangers de l'endoctrinement. Il se veut devoir de mémoire, pourtant il est plus actuel que jamais. Ne pas oublier. Apprendre des erreurs du passé

Nous suivons le parcours de Pierrot, sept ans, qui vit à Paris avec ses parents. Son copain muet, Anshel, est juif. Et ça ne pose aucun problème. C'est même son meilleur ami. Pierrot perd d'abord son père, qui met fin à ses jours, rongé par les souvenirs de ce qu'il a vu sur le champ de bataille durant 14-18. Sa mère, elle, décède de la maladie. S'ensuit un long parcours, un passage à l'orphelinat où l'on retrouve trace de sa tante en Allemagne. Pierrot trouve alors refuge auprès d'elle. Celle-ci est employée au Berghof, qui n'est autre que la résidence secondaire d'Hitler
Alors que l'enfant semble hors de danger et sous la protection d'un membre de sa famille, il est en réalité exposé à l'un des plus grands dangers, la pensée nazie. Sous l'influence d'Hitler, Pierrot se métamorphose, jusqu'à s'engager dans les Jeunesses Hitlériennes. Réagira-t'il assez vite pour ne pas sombrer dans les profondeurs de ce courant destructeur ?

John Boyne nous fait vivre l'histoire (et l'Histoire) à-travers les yeux innocents d'un enfant. C'est quelque chose qui m'a personnellement bouleversé. Notamment lorsque Pierrot prend le train pour l'Allemagne. Une place est disponible dans le wagon du garçon, pourtant les autres passagers rejettent un homme qui vient d'arriver. Pierrot prend la défense de l'homme en montrant qu'une place est disponible. Évidemment qu'il ne voit aucun mal là-dedans. Tout comme lorsqu'on lui interdit de parler de son ami Anshel au Berghof. J'ai été vraiment sensible à cette incompréhension qui apparaît dans le regard de l'enfant. C'est forcément quelque chose de très touchant.

Le cœur du sujet n'est pas tant la Guerre en elle-même, mais plutôt les dommages collatéraux. Le père de Pierrot qui va jusqu'à s'ôter la vie plutôt que de continuer à affronter les horreurs qu'il a vécues. Et puis bien entendu, l'endoctrinement. Depuis la montagne dans laquelle il réside, Pierrot n'a qu'une vision erronée de ce qu'il se passe réellement sur place. Il n'y a que la reconnaissance d'Hitler qui l'intéresse. L'esprit d'un enfant sans repères est malléable, et Pierrot ne dissocie plus le bien du mal. Il va même jusqu'à commettre l'irréparable. En tant que lecteur, on est partagés concernant la responsabilité de Pierrot. On lui en veut de se faire avoir finalement, d'être tombé entre les griffes d'Hitler. Pourtant, ça a été le cas de nombreux soldats, et on ne peut oublier ça. Le manque d'information, la censure. John Boyne nous montre ici comment l'on peut facilement tomber dans le piège du Nazisme. A la fin du conflit, Pierrot fera tout pour se racheter - même si l'on devine que ce sera bien difficile. Il va notamment renouer contact avec Anshel, ce qui prouve qu'il est sur la voie de la rédemption.

Malgré la dureté des épreuves que Pierrot traverse, et la violence de ce qu'il va devenir, c'est un roman à lire absolument. Il dépeint une réalité à laquelle il faut se confronter, quitte à s'y heurter. Toutes les générations doivent pouvoir prendre conscience, et comprendre. 
Il faut juste quelques références historiques pour pouvoir apprécier certaines scènes, mais les cours d'histoire devraient les apporter sans problème !


" Un Peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. "

                                                                     Winston Churchill

vendredi 1 juillet 2016

Les Fiancés de l'hiver

Il aura fallu que ce roman soit édité en version poche pour que je me le procure... en version grand format ! A vrai dire, le livre en soi est tellement merveilleux que j'ai totalement craqué. C'était déjà un livre que je convoitais dans la médiathèque où je travaillais précédemment, et j'ai lu et entendu tellement de critiques enthousiastes qu'il me tardait de découvrir les aventures de la passe-miroir. 
Enfin, quoi de mieux - entre nous, que de lire des aventures qui se déroulent dans une région envahie par l'hiver, le froid mordant et une neige intarissable, quand il fait trente degrés, je vous le demande !
Florence + The Machine - Seven Devils - en fond, et je vous parle de mon ressenti sur cette lecture !

Ophélie vit sur l'arche d'Anima, où elle met à disposition ses dons pour le compte du musée. Elle est en effet capable de "lire" les objets. Lorsqu'elle ôte ses gants, elle peut, au contact de n'importe quel objet, retracer son histoire et découvrir ses secrets. Elle peut également traverser les miroirs pour se déplacer. Ayant toujours refusé de se marier, elle ne peut cette fois-ci plus y échapper. Elle est promise à Thorn, du clan des Dragons qui vit, lui, à la Citacielle - un archipel qui flotte dans les airs. N'ayant jamais quitté Anima, elle doit laisser sa famille derrière elle pour entamer une toute nouvelle vie. 
Lorsqu'elle sort du zeppelin, cet hiver si brutal lui glace le sang. Sans parler de Thorn, qui, lorsqu'il découvre Ophélie, ne peut s'empêcher de lui faire comprendre qu'elle ne tiendra jamais le coup dans ce monde impitoyable. Pourquoi tient-on à marier ces deux êtres que tout oppose ? Quel secret se cache derrière ce mariage tant attendu ? Ophélie sera-t'elle capable de déjouer les plans dont elle fait l'objet, et de trouver sa place dans ce monde fait d'illusions ?

Vous l'aurez compris, c'est le roman initiatique d'Ophélie. Des lunettes de myope, une énorme écharpe enroulée autour du cou, de longs cheveux bouclés qui lui tombent sur le visage, Ophélie se cache. Elle parle tellement faiblement qu'on a du mal à l'entendre. Elle préfère s'effacer dès que possible. C'est un personnage véritablement attachant de part sa maladresse - liée à un accident de miroir, et sa fragilité. Pourtant, elle détient entre ses mains deux pouvoirs d'une puissance inouïe. 
Obligée de sortir de sa zone de confort, elle se heurte. A Thorn, qui ne semble pas ravi de ce mariage et la met en garde constamment. A ce nouvel environnement peu chaleureux, dans lequel elle ne peut faire confiance à personne. En tant que lecteur, on a envie de la protéger. Et surtout, on la voit grandir, apprendre de ses erreurs, devenir quelqu'un de plus fort au fil des pages. C'est ce qui fait de ce roman un véritable coup de cœur pour moi : son héroïne.

L'histoire est sublimée par la plume de Christelle Dabos. Elle s'attache au moindre détail, et on visualise très bien chaque scène. C'est tellement confortable de lire ces scènes d'une précision extrême ! Surtout lorsqu'on lit un roman fantastique. Plus les descriptions sont fines, plus l'image se fait facilement. Sans parler des images utilisées, toujours bien trouvées, toujours bien pensées. 

L'intrigue est bien menée, même si on languit qu'Ophélie puisse utiliser un peu plus ses pouvoirs ! La Citacielle est faite de faux semblants, les illusions remplacent la plupart du temps une réalité morose. Ce qui peut paraître déstabilisant est également une force dans le roman. Tout comme l'héroïne, on ne sait jamais sur quel pied danser avec les personnages et on a envie de lire la suite pour en savoir plus ! A chaque nouvelle rencontre, c'est d'abord la méfiance qui prend le dessus. L'histoire fait que chaque personnage bascule à un moment du côté des alliés ou des ennemis ! Et c'est un aspect qui m'a réellement captivée !!! Et bien entendu, l'histoire entre Thorn et Ophélie. Vont-ils un jour éprouver des sentiments l'un pour l'autre ?
Les réponses lors de cette lecture que je vous recommande chaudement - mmh ou froidement

Je vous quitte avec une belle illustration que j'ai trouvé en farfouillant le net, et qui est pour moi la meilleure !